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En défense de BDS
vendredi 30 juillet 2010, par
L’appel BDS, lancé le 9 juillet 2005 par 171 organisations
palestiniennes, aurait du être le vecteur d’une réorientation et d’une
remobilisation du mouvement de soutien sur des bases politiques claires.
Cet appel affirme l’unité du Peuple palestinien, son droit
à l’autodétermination et pose trois revendications majeures : la fin de
l’occupation et de la colonisation des terres arabes et le démantèlement du mur
; l’égalité des droits des Palestiniens vivant en Israël ; le droit au retour
des réfugiés dans leurs foyers.
Pour un mouvement de solidarité confronté à la crise de
stratégie du mouvement national palestinien, c’était une lueur d’espoir , une
boussole indiquant la direction à prendre, une perspective pour aller de l’avant
et agir sans être dépendant des tactiques politiques et diplomatiques sur
lesquelles il n’a, à juste titre, aucune prise.
Mais les responsables du mouvement, en France et au-delà
en Europe (à l’exception notable de la Grande Bretagne), n’ont prêté qu’une
attention distraite à l’appel. Quelques sites internet le publièrent, sans autre
commentaires, puis plus rien. [1]
En 2006 et 2007, aucune initiative d’importance ne fut
prise en France pour promouvoir la campagne BDS.
Pourtant, après l’attaque israélienne contre le Liban, la
défaite électorale du Fatah, le refus des puissances impérialistes de
reconnaître la victoire du Hamas et le blocus de la Bande de Gaza qui s
‘ensuivit, le mouvement de solidarité avait plus que jamais besoin d’une
perspective unifiante d’action pour surmonter division et paralysie.
Lors des élections présidentielles de 2007, aucun des
candidats n’a pris position en faveur de la campagne BDS [2]
Le rassemblement « Paix comme Palestine », organisé par la
plate-forme des ONG françaises le 17 mai 2008, ne mettra pas en valeur la
campagne de Boycott appelée par les Palestiniens, ni dans l’appel de
l’initiative, ni dans son déroulement ni dans ses conclusions. Aucun de ses
portes paroles palestiniens ne fut invité et les quelques milliers de présents
entendirent qu’il fallait « agir » et « faire pression sur nos gouvernements » !
Comment ?
Quelques mois auparavant, divers intellectuels
palestiniens et Ilan Pappé avaient insisté sur la pertinence du boycott à
l’occasion du salon du livre de Paris qui n’avait pas hésité à mettre Israël à
l’honneur. Mais leur avis n’était pas partagé par certaines personnalités très
écoutées des responsables du Collectif national et le mouvement se divisa aussi
à cette occasion.
Les informations sur le développement très positif de la
campagne en Angleterre, en Irlande, en Ecosse, en Afrique du Sud, au Canada, en
Australie Etc. les appels des portes paroles palestiniens de la campagne (par exemple l’intervention d’Omar Barghouti en juin 2008
à Bil’in *3+)…sont restés sans échos.
C’est la remobilisation populaire suscitée par l’agression
criminelle de l’armée israélienne contre Gaza fin 2008 qui a rendu insupportable
l’absence de réponse à la question « que peut-on faire concrètement en France? »
« Agir », mais comment, au-delà des sempiternelles cartes postales et pétitions
?
Début 2009 CAPJPO-EUROPALESTINE fut la première
association possédant une notoriété nationale à s’engager durablement sur le
thème du boycott et a publié en septembre une brochure «le boycott d’Israël,
pourquoi et comment ? »
En juin 2009 une structure unitaire « Campagne BDS France
» s’est constituée, composée d’une trentaine d’organisations et d’associations
s’engageant à soutenir l’appel de juillet 2005 dans son intégralité. Plusieurs
organisations membres du Collectif national, dont l’AFPS, n’en font pas partie.
En août 2009 le NPA a invité Omar Barghouti à son
université d’été.
Jusqu’en septembre 2009 le Collectif national se
contentera de mener des actions liées au désinvestissement (VEOLIA, ALSTOM),
réduisant l’action directe contre l’Etat israélien à la demande d’une sanction :
la suspension de l’accord d’association Union Européenne-Israël.
En mai 2009, sous la pression de la base et notamment de
responsables locaux, le congrès de l’AFPS a voté une déclaration appelant ses
adhérents à « s’impliquer dans l’action BDS », ouvrant la voie à l’avancée du
Collectif national qui, en septembre, franchissait le pas d’appeler au boycott
des produits israéliens, tout en précisant que c’était au motif que « les
produits israéliens ne respectent pas les normes de traçabilité permettant de
les distinguer des produits en provenance des colonies illégales d’Israël dans
les Territoires Palestiniens occupés. »
En octobre 2009 l’Union syndicale Solidaires décidait de
s’engager dans la campagne BDS.
Elle avait été précédée par le Conseil National de la FSU
qui avait décidé « de soutenir les initiatives allant dans le sens de l’appel
BDS ».
L’UJFP a pris position en faveur du soutien à l’appel BDS
courant 2009 et participe à BDS France.
Par ailleurs, lors de la campagne des Européennes, le NPA
en tant que parti et quelques candidats d’autres listes (Front de Gauche,
Verts…) ont soutenu le mot d’ordre de boycott.
On peut donc constater quelques progrès dans la période
récente, mais tout cela reste fragile et même susceptible d’être à tout moment
remis en cause.
C’est ainsi qu’en mai 2010 la direction nationale de la
CGT, tout en affirmant sa « solidarité avec les travailleurs des territoires
occupés qui sont confrontés à la répression mais aussi à l’exploitation », a
dénoncé la campagne BDS au motif que le boycott serait une « punition collective
à l’encontre des citoyens israéliens » et que cette campagne « affaiblit et
isole le camp de la paix en Israël » , faisant siens des arguments éculés de la
« Gauche sioniste » auxquels les partisans de BDS ont déjà mille fois répondu.
[4]
Déjà, en avril, le président de la LDH entérinait un recul
de son organisation qui avait pourtant signé le communiqué commun de septembre :
subitement, « le boycott des entreprises coloniales » est devenu « difficile »
et celui de « tous les produits israéliens » est inacceptable car « ce serait
confondre Israël et ses colonies » et « confondre le
combat contre les gouvernants avec le boycott de toute une société ».
Dans le même temps, en mars 2010, la direction de l’AFPS
décidait de « recentrer son engagement dans la bataille BDS » en la concentrant
sur le boycott des produits des colonies.
Le motif invoqué est celui des risques judiciaires
encourus, du fait de la décision gouvernementale de tenter de requalifier en «
incitation à la haine raciale » les actions militantes de boycott des produits
israéliens.
On a beau vouloir être solidaires des Palestiniens, on n’a
pas une âme de martyrs, semblent penser les dirigeants de l’AFPS et de la LDH
qui refusent le défi d’un gouvernement pro sioniste, cèdent au chantage de
l’antisémitisme sans combattre et donnent ainsi la mesure des risques qu’ils
sont prêts à assumer pour la cause !
Il faut sécuriser juridiquement les actions et donc ne
promouvoir que le boycott de produits provenant de colonies qui « elles, sont
illégales au regard du droit international ».
En outre, on prendra soin de s’abriter derrière quelques
dispositions de droit commercial sur l’étiquetage.
Exit donc le boycott d’Israël et place au seul boycott des
produits issus des « colonies illégales »
Ce que dit l’appel BDS et ce qu’il ne dit pas !
Depuis 5 ans, - et parce qu’ils sont confrontés, notamment
en Europe, à des tentatives permanentes de réduire le contenu et de modifier les
objectifs de leur appel initial, - les responsables palestiniens de BDS ne
cessent de réaffirmer les fondamentaux de l’appel.
La coalition BDS représente les 3 composantes du Peuple
palestinien : les réfugiés palestiniens, où qu’ils résident actuellement, dans
les camps ou hors des camps ; les Palestiniens des territoires occupés de
Cisjordanie et de la Bande de Gaza (dont de nombreux réfugiés) ; les citoyens
palestiniens d’Israël (dont des déplacés).
Chacune de ces composantes subit une forme d’oppression
spécifique :
. L’occupation directe et la colonisation pour ceux
qui résident en Cisjordanie (y compris Jérusalem) et le blocus criminel pour les
habitants de Gaza
. Le système légalisé et institutionnalisé de
discrimination raciale à l’intérieur de l’Etat israélien pour les Palestiniens
qui y résident aujourd’hui
. Le refus de reconnaître le droit au retour et à des
réparations pour les réfugiés.
Beaucoup de Palestiniens subissent une combinaison de ces
différentes formes d’oppression.
Toutes les composantes subissent les conséquences de la
colonisation sioniste de la Palestine.
C’est pourquoi « l’appel de BDS affirme la primauté du
droit à l’autodétermination et traite les droits fondamentaux des trois
principales composantes du peuple palestinien : Vivre libre de l’occupation
israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem Est; la
fin du système israélien de discrimination raciale
institutionnalisée contre ses citoyens palestiniens ; et, pour les réfugiés
palestiniens et les personnes déplacées, la grande majorité du peuple
palestinien, le bénéfice de leur droit au retour dans leurs foyers et la
perception des réparations » [5]
L’appel BDS n’est donc pas seulement une remise en cause
de l’occupation militaire et de la colonisation au sein des territoires occupés
en 1967. [6]
La lutte à laquelle nous appelle BDS s’étend au delà de la
fin de l’occupation et l’exigence du droit à l’autodétermination ne se confond
pas avec une demande de fixer des frontières sur la ligne verte pour délimiter
deux Etats.
En fait BDS ne prend pas position sur cette question (un
Etat, deux Etats ?) mais pose les conditions permettant aux Palestiniens, tous
les Palestiniens, de choisir : l’autodétermination et le respect de leurs droits
nationaux.
Autrement dit, la campagne internationale BDS, c’est
jusqu’à ce que l’ensemble du Peuple palestinien puisse exercer son droit
inaliénable à la liberté et à l’autodétermination.
Toute autre attitude et notamment celle qui consiste à
limiter les revendications palestiniennes à la fin de l’occupation de 1967 (par
exemple au motif d’élargir la mobilisation) ne permet pas « d’avancer d ‘un pas
avec des milliers » [7] mais au contraire fait reculer la solidarité qui perd
son sens d’un soutien à la lutte des Palestiniens pour leurs droits, tous leurs
droits.
« Ce qui compte est d’être d’accord avec ses motivations
et ses objectifs…qui doivent être le dénominateur commun à tous les groupes
solidaires de la Palestine : mettre fin aux trois formes principales de
l’injustice israélienne et promouvoir les droits des Palestiniens. Ce sont les
conditions sine qua non pour que cette campagne soit efficace et réponde aux
aspirations de la société civile palestinienne » [8]
La première exigence est celle du respect des objectifs de
la campagne BDS et donc de la dimension politique de cet appel et de la finalité
de la bataille qu’il veut organiser en soutien à la lutte du Peuple palestinien.
Il faut donc l’affirmer une fois de plus : la question
palestinienne est une question politique et la lutte de libération nationale du
Peuple palestinien ne peut être confondue avec une question humanitaire ni même
avec une question de « droits de l’homme » !
Les raisons du refus de soutenir l’appel dans son
intégralité
La conversion partielle de divers responsables à l’appel
BDS masquait en réalité le maintien de sérieuses divergences avec les bases
politiques de la campagne internationale.
Contrairement à l’illusion répandue par certains, aucune «
ambiguïté constructive » ne peut « permettre de mettre en accord les tenants
d’un boycott de l’ensemble des produits israéliens et ceux souhaitant un ciblage
spécifique des produits des colonies ». [9]
Pour une raison toute simple : les Palestiniens ne sont
pas soumis à la domination et à l’oppression des seuls colons résidant dans les
colonies de Cisjordanie (dont Jérusalem) mais à la colonisation sioniste de la Palestine, dont l’Etat d’Israël créé en 1948 est une
étape essentielle pour réaliser le projet sioniste de conquête de toute la
Palestine et donc de destruction du Peuple palestinien.
Comment peut-on « dénoncer une politique colonialiste »
sans combattre l’Etat colonial ?
Penser qu’on peut « estomper le clivage politique » entre
ceux qui pensent qu’il faut isoler l’Etat d’Israël, pour contribuer à modifier
le rapport des forces entre l’occupant sioniste et les Palestiniens soumis à la
colonisation depuis plus de 60 ans et ceux qui pensent qu’il s’agit avant tout
d’un problème de colonies et de droits de l’homme dans des « territoires occupés
en 1967 », c’est évidemment replonger dans les pires travers d’un mouvement qui
s’est depuis trop longtemps obstiné à refuser de considérer la lutte du Peuple
palestinien comme une lutte de libération nationale.
Contrairement à ce qu’affirme notre défenseur de
«l’ambiguïté constructive « quand on considère les enjeux pratiques » les
divergences ne se réduisent pas, elles prennent tout leur sens ! [10]
Le problème n’est pas de savoir s’il faut être pédagogue
et construire progressivement la mobilisation en définissant des cibles
concrètes qui se prêtent à la démonstration (par exemple Agrexco) pour être plus
efficace.
Le problème commence quand, faute d’être en accord avec
les objectifs politiques de BDS (redisons le encore une fois :
l’autodétermination et les droits des 3 composantes du Peuple palestinien) on
modifie les objectifs et les revendications explicitement affirmés dans l’appel.
Entre autres exemples :
. Dans la rubrique « BDS Mode d’emploi » le « tract
type » recommandé à ses comités par l’AFPS affirme…« que tout le monde connaît
les termes de la solution : la création d’un État palestinien dans les
frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale » [11]
. Quand on lit dans un tract du collectif Palestine
de l’Essonne que « 170 ONG palestiniennes, ainsi que des anticolonialistes
israéliens, ont décidé de lancer des campagnes BDS (Boycott, Désinvestissement,
Sanctions) …pour parvenir à la reconnaissance d’un état palestinien de droit,
aux côté de l’état d’Israël »
. Quand on lit dans la déclaration de Solidaires
annonçant son adhésion à BDS : « il s’agit par une campagne de sanction
non-violente, d’agir dans un cadre citoyen et éthique afin d’obtenir une
solution politique qui garantisse l’application du droit international pour les
deux peuples, palestinien et israélien, dans les frontières de 1967 »
Force est de constater que ce n’est pas ce qui est écrit
dans l’appel BDS mais que c’est l’affirmation d’une ligne politique parfaitement
identifiée : celle qui prétend que l’Etat palestinien indépendant dans les
frontières de 67 est « la solution »
Cette position est aujourd’hui celle d’Abbas et de Fayyad,
ce n’est pas la position de BDS ! Et c’est ce qui permet de comprendre que,
derrière un apparent désaccord tactique sur la meilleure façon de convaincre et
de faire progresser l’adhésion à la lutte pour les droits des Palestiniens
(doiton se concentrer sur les produits des colonies ?), il y a en réalité un
vrai désaccord sur le contenu même de la solidarité, sur
les droits qu’on soutient et sur le projet politique avec lequel on demande
d’être solidaire.
Certes, c’est le droit de chacun de s’accrocher à la
perspective de « l’Etat indépendant dans les frontières de 67 », malgré
l’accumulation des faits et des analyses qui en démontrent chaque jour un peu
plus l’impossibilité et la signification politique réelle.
Mais invoquer la défense de BDS pour promouvoir cette
position, c’est de la manipulation !
La recherche de l’efficacité est très louable, pour autant
qu’elle ne soit pas un prétexte pour réduire le niveau des revendications
palestiniennes à un niveau supportable pour « la vraie radicalité positive »
[12] des supporters français de Fayyad.
On est aussi en droit de s’interroger sur le fait que,
dans un grand nombre des tracts émanant de comités ou de collectifs unitaires et
recensés sur divers sites, figure exclusivement la formule du nécessaire respect
par Israël « du droit international » alors que dans l’appel BDS cette exigence
est précédée par celle du « droit inaliénable des Palestiniens à
l’autodétermination » et suivie par les revendications des 3 composantes du
Peuple palestinien.
L’appel BDS ne revendique pas l’application d’un droit
international abstrait mais revendique des droits concrets qu’il énumère
précisément.
Ces droits, qui sont partie intégrante des objectifs de
l’appel, doivent être systématiquement rappelés, indépendamment de l’axe retenu
et de la pédagogie mise en oeuvre.
Qu’il s’agisse de culture, de sport, d’éducation, de
diplomatie ou de marchandises Etc., qu’il s’agisse de boycott, de
désinvestissement ou de sanctions, c’est seulement l’angle d’attaque qui change,
la variété permettant de renforcer la démonstration.
Mais il n’y a pas d’adaptation possible des objectifs et
des droits.
C’est aussi ce que disait Jamal Juma en 2006 dans sa
lettre ouverte précitée :
« C’est pourquoi nous, les Palestiniens, sommes ceux qui
peuvent discuter et décider comment nous nous présentons, nous, nos droits et
notre oppression, comment nous en parlons et quels arguments nous utilisons.
Nous savons exactement comment la décrire et comment en
parler. Nos amis, nos camarades et nos soutiens peuvent la présenter de la
manière la plus appropriée à leur contexte de travail, sans toutefois faire de
concessions sur l’essence de la question elle-même. »
Nous ne sommes pas en présence d’une discussion utile sur
les moyens d’agir, nous sommes en présence de divergences fondamentales sur
l’essence de la question palestinienne.
Toute ambiguïté est destructrice pour la lutte et soutenir
que l’ambition de BDS c’est obtenir d’Israël qu’il accepte la ligne verte comme
frontière et qu’il respecte « les normes élémentaires de traçabilité des
produits » est une escroquerie intellectuelle tant vis-à-vis des initiateurs de
l’appel qui ne cessent de rappeler les véritables ambitions de leur campagne
qu’à l’égard de ceux à qui on demande de boycotter.
Loin d’être une affaire de consommateurs à qui on
demanderait de ne pas acheter des produits dont l’origine est douteuse, l’action
BDS consiste en une gigantesque bataille idéologique, d’une part pour
déconstruire la légitimité de l’Etat d’Israël et d’autre part pour affirmer
l’engagement d’une solidarité internationale aux côtés de l’ensemble du Peuple
palestinien dans sa résistance pour la conquête de ses droits.
Notre combat n’a pas pour objectif de dénoncer un état
d’Israël fraudeur sur l’origine des produits mais d’isoler l’Etat colonial qui
opprime les Palestiniens, qui poursuit le nettoyage ethnique commencé avec sa
création en 1948 et qui a pour objectif l’éradication de la Nation
palestinienne!
BDS est partie intégrante de la résistance du Peuple
palestinien à cette tentative de destruction.
Certes, cette résistance ne se réduit pas à BDS, mais elle
en a aujourd’hui besoin et c’est pour l’affaiblir que les attaques se
multiplient contre BDS et plus généralement contre toute forme de résistance
palestinienne indépendante qui s’oppose à la normalisation en cours.
A sa mesure, aux côtés d’autres formes de résistance, BDS
est aujourd’hui un outil qui contribue à sortir de l’impasse des prétendues
initiatives de paix et il y a peu de doutes que les efforts actuels de certains,
en France et ailleurs [13], d’une part pour en limiter les ambitions au boycott
des produits des colonies et d’autre part et surtout pour abaisser ses
objectifs, sont en adéquation avec la politique de liquidation de la résistance
menée par l’Autorité Palestinienne sous la responsabilité de Fayyad :
normalisation et répression en Cisjordanie et complicité dans le blocus de Gaza.
[14]
Seules la défense et l’illustration de l’appel BDS dans
son intégralité peuvent permettre au mouvement de solidarité de ne pas retourner
dans une impasse tragiquement similaire à l’industrie de la paix d’Oslo, loin,
très loin, des attentes réelles du Peuple palestinien à l’égard de la solidarité
internationale.
Pierre-Yves Salingue,
( Jeudi, 29 juillet 2010 )
Notes:
[1] Le Mouvement de Soutien à la Résistance du
Peuple Palestinien, constitué fin 2005, et les associations qui en faisaient
partie furent dès 2006 les seuls à diffuser largement cet appel et à proposer, à
toutes les associations, les réseaux et tous les comités agissant dans le champ
de la solidarité avec la Palestine, d’en faire le dénominateur commun d’une
action de longue durée, la base d’accord proposée étant le texte palestinien.
Cette proposition resta sans réponses.
[2] Au demeurant, le questionnaire adressé à tous
les candidats par la plateforme des ONG françaises pour la Palestine n’évoque
même pas le sujet !
[3] Traduction française sur le site
juliensalingue.over-blog.
[4] Cf. différents articles d’Omar Barghouti,
repris dans son livre BDS. la fabrique éditions
[5] bdsmovement.net 09/07/2010
[6] Ceci avait déjà été rappelé dans une lettre
ouverte aux militants européens par Jamal Juma, coordinateur de Stop the Wall,
le 11/06/2006 à l’occasion du colloque ECCP sur l’appel à sanctions: « Notre
lutte et notre peuple ne sont pas constitués que des territoires palestiniens
occupés depuis 1967 » france-palestine.org
[7] Introduction de Dominique Vidal à la conférence
des groupes locaux de l’AFPS, 29/05/2010
[8] Omar Barghouti, BDS, la fabrique éditions
[9] Omar Alsoumi « le mouvement de solidarité avec
la Palestine après Gaza protectionpalestine.org
[10] Voir note 9
[11] france-palestine.org
[12] Voir note 7
[13] Des tentatives similaires semblent en cours,
au moins en Italie et au Québec : Cf. Diana Carminati « La situation des
mouvements de solidarité en Italie après la Gaza Freedom March et le Convoi Viva
Palestina » ism-france.org Cf. Robert Bibeau : Appel à fêter l’anniversaire du
mouvement BDS. Pourquoi les organisateurs modifient-ils l’appel des
organisations palestiniennes ? boycottisraelinternational.com
[14] voir notre article à venir analysant la
politique de S Fayyad et les objectifs de ses nouveaux supporters en
France.
<FONT color=#ff0000
face=Arial>Pétition
Non au terrorisme de l’Etat
d’Israël
<A
href="http://www.aloufok.net/spip.php?article2">http://www.aloufok.net/spip.php?article2